J’annonce : je suis une viandarde. Née dans une famille de bouchers de père en fils et élevée au steak saignant, rien ne m’a jamais prédisposé à apprécier les produits de la mer. D’ailleurs, j’ai une trouille bleue des bébêtes marines doublée d’une sainte horreurs des mollusques. Moi vivante, inutile d’espérer me faire manger une huître, ou alors sous GHB (moi, pas l’huître). Une légende familiale ancestrale m’a même fait croire pendant de nombreuses années que les bigorneaux n’étaient que des crottes de nez à l’eau de mer. Pour situer mon niveau d’endoctrinement, je trouve ça presque sexy quand Daenerys Targaryen mord à pleines dents dans un coeur de cheval encore chaud, mais je trouve ça dégueulasse quand Gollum dévore un poisson cru. Et autant dire que quand je choisis d’aller au restaurant, ce n’est pas vers celui qui propose des spécialités de poissons que je me tourne de prime abord. Donc le jour où je suis tombée devant Le Bistrot du Poissonnier, je n’ai pas été conquise d’emblée. Et pourtant…
Des notes de dégustation pour le vin… et les huîtres !
Ce jour-là, j’ai décidé d’oublier un instant mon steak saignant et de laisser sa chance au produit. Et j’étais accompagnée d’un amateur de fruits de mer. En route donc pour la petite échoppe jouxtant la célèbre Poissonnerie Robert de la place Grenette. Au menu, pour commencer, on a Zaz. Non, ce n’est pas une espèce rarissime de poisson protégé (quoique !), c’est la serveuse au top et à la gouaille irrésistible, ultra-calée, joviale et amoureuse de ses produits : un heureux mix entre Florence Foresti et Périco Légasse. Fine de Claire Marenne d’Oléron n°2, c’est plus long en bouche, ou Utah Beach du Cotentin, plus charnue, avec son petit goût de noisette ? J’aime pas les huîtres (je vous l’ai déjà dit ?) mais là j’ai presque failli goûter. Presque.
Pour le vin, c’est pareil, enfin c’est même mieux, parce que du coup je vais pouvoir déguster : Zaz propose une soigneuse sélection perso de vins fournis directement par son réseau de producteurs, ainsi les bouteilles à la carte affichent des prix raisonnables (13,50 euros la demi-bouteille de l’excellent Sancerre bio de derrière les fagots). Un doute sur le vin à choisir pour accompagner la soupe de poissons ou la truite fumée ? Demandez à Zaz !
Des assiettes en direct de la poissonnerie
Allez, sans plus attendre, le verdict des assiettes (qui arrivent directement depuis la poissonnerie située juste en contrebas. Donc, plus frais, y’a pas). La soupe de poissons avec sa rouille relevée juste à point qui n’emporte pas la bouche, le tout servi avec ses petits croûtons (mais PAS de gruyère râpé, bande d’hérétiques) ? 20/20. Si j’avais pu (genre si j’avais été chez moi), j’aurais lapé l’assiette comme un petit chat. La planche de poissons fumés façon sashimis, avec – attention – l’ordre dans lequel les déguster pour mieux apprécier le goût de chaque bouchée ? Un vrai carnage ! (ah, si je me mets à utiliser des mots de la viande, c’est que c’était vraiment délicieux !).
Le filet de sandre et sa purée de céleri ? Fin, simple, efficace. Un régal. C’était le poisson du jour, peut-être qu’aujourd’hui il y a un autre arrivage à la carte, mais qui sera sûrement tout aussi bon. Et le petit dessert qui va bien ? Un café gourmand avec son rocher au chocolat noir de chez Weiss. Oh. My. God.
Bref, c’est un bistrot cosy et pas prout-prout pour un sou, on y est bien conseillé, on s’y sent tout de suite à l’aise et on se régale. On y va entre copains amateurs de bons petits restos (et qui ont envie de changer un peu des burgers et des tartares-frites). Ou on y va avec sa belle et on lui déclare sa flamme entre deux oursins et une flûte de Champagne (les épicuriennes vont kiffer !). Ou on y va un jour de blues et on craque pour un petit plateau de fruits de mer avec son verre de Bourgogne aligoté. Avec le sourire de Zaz, c’est mieux que n’importe quel anti-dépresseur, résultat garanti.
La folle du steak saignant que je suis n’est certes toujours pas conquise par les mollusques, et, si j’aimais bien mais « sans plus » le poisson jusqu’à présent, j’ai franchement été emballée. Et je ne suis pas la seule apparemment, puisque la réservation est fortement conseillée !
Le Bistrot du Poissonnier
4, rue Grenette
Ouvert tous les midis du mardi au samedi + jeudi soir et vendredi soir
Réservations : 04 77 33 29 21
Page Facebook / Site web
1 commentaire
Ah non arg pas les huîtres sur de la glace …