A Sainté, nous sommes attachés aux symboles de notre gloire passée et nostalgiques de celle-ci. Comme les grecs et les italiens, nous avons notre Colisée, notre Parthénon. Manufrance.
Premier catalogue de vente par correspondance du pays, Manufrance vendait des fusils pour tuer et des vélos pour ensuite se barrer. Vous aurez compris pourquoi Manufrance eut plus de succès que la maison lyonnaise Giraudet qui se contente de vendre des quenelles à des gens assez fous pour croire que ça se mange avec plaisir alors que tout le monde sait qu’une quenelle sans la sauce ça ne sert strictement à rien ; ce qui n’a rien à voir avec une bonne vieille râpée des familles… Mais bon je digresse…
Et puis tu peux tirer sur un lapin ou sur un voisin relou avec une quenelle ?? NON ! Tu peux monter le col de la république sur une quenelle ??? NON PLUS ! On a le sens des priorités chez nous !
Je m’emporte…mais c’est vrai quoi faut pas être complétement chelou pour prendre du plaisir à porter à sa bouche un machin qui a la forme et la consistance d’une quenelle ?? Y nous prendraient pas pour des spartiates des fois ? Et pour tous ceux qui oseraient me taxer d’homophobe ou de misogyne, sachez que j’ai un cousin homosexuel et plusieurs femmes dans mon entourage (mère, sœur, tantes, grand mères, Nathalie Portman, Penelope cruz…) et que je n’ai rien contre eux et qu’ils me supportent très bien ! enfin je crois.
Bon c’est pas bientôt fini oui ? Je peux faire ce pourquoi on me compare à Chateaubriand (si, si, Penelope et Nath le disent) ? Je suis là pour vous donner du rêve moi, pas pour palabrer sur les quen… ah non c’est pas possible, même à écrire c’est chiant.
DONC résumons. Manufrance, Saint-Etienne, youpi yo, youpi yé, le vélo c’est la santé. J’ai en mémoire deux personnages qui ont un peu trop pris à cœur le cyclisme, au point d’être dangereux pour eux et les autres.
En selle, à poil !
Comme à ton habitude, tu sirotes ton petit café sur une terrasse de bistrot place Jean-Jaurès, profitant de la fraîche brise des matins clairs, regardant les gens s’affairer, fier de n’avoir strictement rien d’autre à branler que de les observer en te disant que certains ne doivent pas avoir des métiers faciles. Tu t’émeus de constater que toutes ces habitudes dont tu as une sainte horreur, s’enrobent d’une image attachante et rassurante lorsque tu les contemples chez les autres. Une matinée normale en somme, dans un monde qui tourne rond où tout est à sa place. Satisfait de l’ordre des choses, tu portes ta tasse à la bouche et un grand blond d’une quarantaine d’année passe devant toi en vélo, le sourire aux lèvres, avec pour seule parure un petit shorty jaune pisse ras la nouille tout droit sorti des années 90.
Calmement tu passes sur le fait que le mec vient littéralement de te niquer ton instant de bonheur immaculé, de béatitude face au calme et à la beauté du quotidien qui suit tranquillement son cours mais qui vient surtout de détourner l’attention que tu portais aux filles que tu matais comme un sale. NOM DE DIEU ! Ça t’as coûté au moins trois séances de méditation pour arriver à saisir et profiter de ces instants simples qu’offre la vie, tu y arrives pas souvent et quand enfin t’y arrives, alors même qu’une pure bombe passe devant toi, Poulidor dérouille tout en défilant à poil devant toi sur sa putain de bicyclette, à l’aise, tranquille, alors qu’on est au mois de janvier et qu’il fait moins cinq ! Normaaal !
Je ne sais pas si le mec cherche ses potes jumeaux (subtil lien d’auto-promotion) mais qu’il pleuve ,qu’il vente, qu’il neige, qu’on soit le 21/12/2012, que les japonais gagnent au rugby, que François Hollande soit président de la république, que des gens puissent aimer star wars 7, il est dehors, sur son vélo, dans son joli petit shorty moule bonbons et il tourne, imperturbable. La vie est belle. Ah si, il se permet quand même parfois une petite folie. Quand monsieur décide qu’il n’offrira pas son magnifique corps aux regards des passants qui n’ont rien demandé, il enfile un petit marcel blanc des plus raffinés qui, sur son corps d’apollon, fait chavirer ces dames !
Remercions quand même ce monsieur qui nous donne du rêve quand il décide de pédaler tôt le matin et que nous le croisons sur la route du turbin. Je vous assure la journée passe beaucoup, beaucoup plus vite. Ce n’est pas le cas du second fan de la petite reine qui est un véritable danger public.
à fond à fond à fond !
Je sortais tranquillement de chez moi, réfléchissant à une stratégie pour que les autres arrêtent de gagner la cagnotte de l’euro-millions à ma place, en direction de la tireuse à billets d’en face de chez Maty au bout de la rue Michelet. Gloussant de penser que tant qu’on gagne on joue, je retirais l’argent que je n’avais pas pour aller le matérialiser en quelque chose de plus liquide et de plus stimulant quand, à peine retourné, à peine engagé vers un destin d’aventures épiques, de femmes amoureuses et de violence gratuite, un boulet de canon surgit de nulle part manqua d’écourter une existence pourtant promue à de grande choses.
Ce boulet de canon en question, c’est notre second larron dont le surkiff total est de bourriner la pédale en slalomant le plus proche possible des passants qui ne font rien d’autre que ce qu’on leur demande, qui passent. Regrettée époque à vrai dire où notre camarade sprinteur n’avait pas encore trouvé l’argent et le fou furieux assez irresponsable pour accepter de lui céder un scooter.
Non parce que le slalom à 20-25 kilomètres heures dans la rue des Martyrs c’est sympa deux minutes mais à 40-50 c’est carrément plus fun et en cas de collision t’es pratiquement assuré d’avoir un bouquet final digne de ce nom. Alors qu’à cela ne tienne ! Achetons un scooter et reprenons donc notre petit circuit en prenant bien garde d’y inclure le maximum de rues piétonnes possibles pour le style.
Mais voilà longtemps que je n’ai pas croisé notre coquin à la cuisse puissante, peut être parce qu’il s’est rendu compte que son sens de l’humour divergeait strictement de celui de la police municipale ou bien qu’il a fini par faire un peu trop marcher notre système de sécurité sociale… Je n’ose imaginer.
Peut être que dans chaque ville où des mecs à poil pédalent, cheveux au vent, en pensant aux jonquilles, aux poneys et à la paix dans le monde il en existe toujours d’autres qui sprintent réfléchissant à l’optimisation de leur vitesse et de la distance qui les séparent des obstacles qu’ils se créent.
Je te laisserai le soin de déterminer quelle sorte de cycliste reste majoritaire à Saint-Etienne, j’ai ma petite idée sur la question. Mais surtout quel beau sport, bel esprit que celui de la petite reine et personne ne me fera dire le contraire à l’insu de mon plein gré !