Bon, le STEEL on en parle ?

Au départ

L’époque à laquelle mon père m’a parlé pour la première fois de ce projet d’immense centre commercial à l’entrée de Saint-Etienne me semble être d’un autre temps.  Je n’avais pas encore rejoint l’équipe de City Crunch, Galtier faisait toujours autant confiance à Monnet Paquet et le mot Macron signifiait plus une marque de foot qu’un homme politique.
Quelques années après, il est enfin là, loin, très loin de la promesse de départ mais avec une énorme visibilité médiatique, en bien et en mal.

Sur les derniers jours le Steel est partout, dans les médias, les discussions aux cafés, les discours politiques, les cauchemars des commerçants et les rêves des investisseurs. Comment un projet, privé de base – même si appuyé avec fierté par l’équipe municipale – peut-il autant faire parler de lui?

Notre société est depuis quelques temps à un virage, la crise sanitaire appuyant ce sentiment, un virage que personne ne veut rater. L’achat est devenu en très peu de temps, un acte presque politique. Il est en tout cas, un acte impactant directement le monde qui nous entoure.
L’ouverture d’un centre commercial avec de grandes chaînes d’hyper consommables – qui soyons clairs ne sont pas très éthiques-  dénote fortement avec les nouveaux moyens de consommations urbaines.

Une réussite architecturale

Au niveau national, nous retrouvons plutôt une mise en avant du commerce de proximité et la piétonisation plutôt que la création de grands centres commerciaux. Saint-Etienne dénote de ce côté-là forcément de par sa sociologie péri-urbaine à l’américaine.
Chez Sainté City Crunch nous continuerons à promouvoir les commerces indépendants et de centre-ville en priorité, mais il nous semblait cependant important d’aller découvrir ce centre afin d’en parler de la manière la plus objective possible.

On peut se mettre d’accord sur une chose, le centre est immense (70 000m² tout de même) et l’ensemble est plutôt très réussi. La façade a été réalisée par les studios Joran Briand et certains d’entre vous auront reconnu les similitudes avec la façade du MUCEM à Marseille, en effet réalisé par le même designer
La statut monumentale érigée à l’entrée du centre commercial a elle été créée par l’artiste David Mesguish, alors oui on ne peut qu’applaudir le travail de l’artiste, mais le côté larmoyant du « Babet » dans un lieu comme celui-ci étonne.
Nous sommes donc agréablement surpris par l’architecture des lieux même si nous sommes loin – très loin – du centre commercial végétalisé comme présenté.

Beaucoup trop de points d’interrogations

Côté boutique, c’est plutôt beau raté, que nous ne détaillerons pas plus ici. Même son de cloche du côté de la restauration où un food court aurait pu être assez cohérent dans l’inspiration mall nord-américaine. Plusieurs chaînes de burger, plusieurs italiens. Nous sommes par contre contents de voir la présence de Captain Donuts et Green Escape, deux enseignes stéphanoises. Nous savons très bien que derrière chaque chaîne, il existe la plupart du temps des entrepreneurs locaux qui font preuve de courage pour pouvoir reprendre ou lancer des franchises, cela ne représente juste pas une éthique commerciale que nous souhaitons mettre en avant.

Embellir l’entrée de ville? 800 emplois créés? Stopper l’évasion fiscale en dehors du département? Nous ne commenterons pas les arguments marketing en faveur de ce centre commercial, qui peuvent être totalement discutés si l’on fouille bien, ne serait-ce que par l’offre commerciale assez faible qui pourrait devenir totalement obsolète face à l’agrandissement de la Part-Dieu pour fin 2020, à tout juste 50km de là…

Car là où le centre commercial semble totalement dépassé, c’est bien sur son accessibilité, 1900 places contre presque le double dans la zone d’Auchan Villars. Une mise en avant de la voiture pour ce genre de commerce, oui, certes la voiture est plus cohérente pour Leroy Merlin, cependant Saint-Etienne avait-elle besoin d’un deuxième Leroy Merlin? (Deux à moins de 10km l’un de l’autre, là où il n’y en a que deux à Lyon). D’un énième Action? d’un énième Basic Fit?  Et puis, mettre en avant la voiture à notre époque, c’est …
Aucune liaison directe depuis le centre ville en tram, il faut aujourd’hui 25 minutes depuis Chateaucreux pour rejoindre le Steel en Bus et 45 minutes pour rejoindre Lyon Part-Dieu en train.

La concurrence au centre ville?

Contrairement à beaucoup d’autres grandes villes françaises, Saint-Etienne a une force peu mise en avant, son centre-ville est avant tout composé par des indépendants (car souvent boudés par certaines enseignes) et il est donc bien moins dépendant des grandes chaînes, et on voit les dégâts que cela peut faire en cas de départ (H&M, la Fnac … ).
Là où le projet de base est respecté, c’est qu’au regard de l’offre commercial, cela ne semble pas être un projet concurrentiel pour le centre ville.
L’offre y est plutôt complémentaire, alors oui, au départ cela siphonnera un peu la population – par le côté nouveauté du projet – mais quoi de mieux qu’un bon restaurant, une boutique de création, un bar à bière, pouvoir flâner de terrasse en terrasse, et ça on est d’accord entre nous, c’est une chose que Steel ne pourra jamais nous offrir.

Puis gardons en tête la future ouverture des Halles Biltoki, un projet beaucoup plus dans l’air du temps pour le coup.

Et vous quel est votre avis sur le Steel?