Que vous soyez stéphanois né et éduqué, nouvel arrivant ou encore simplement de passage vous n’avez pas pu passer à travers cette maladie qui fait des ravages sur Saint-Etienne.
Même si ce syndrome ne fait (apparemment) aucune victime, il reste par contre quasiment incurable, c’est “La mentalité Beauseigne”
Critiquer Saint-Etienne, une particularité bien locale.
Les réseaux sociaux ont permis un essor des moyens de communication. On peut aujourd’hui presque tout savoir (ou surtout savoir ce que l’on veut savoir), échanger avec tout le monde et donner son avis sur tout et rien.
Pas un jour ne passe sans que sur des articles du “Progrès” de “La ville de Saint-Etienne, de groupes Facebook tel que “Tu es de Sant-Etienne si…” ou “Le bon plan Saint-Etienne” l’on puisse retrouver les mêmes commentaires :
- Saint-Etienne c’est nul.
- Qu’est ce que vous viendriez faire à Saint-Etienne, il n’y a rien à faire ahaha hihihi XD lol
- Fuyez Saint-Etienne c’est le seul conseil que l’on peut vous donner.
Outre la profondeur des arguments apportés, il est très intéressant d’observer que ces attaques contre la cité stéphanoise viennent à 99% de personnes habitant à … Saint-Etienne ou sa proche couronne. Dans une ville peuplée par 176 000 habitants au sein d’une métropole de 500 000 habitants la question se pose : pourquoi vivre dans une ville que l’on hait autant ?
Vous l’avez ? Vous êtes face à une crise aïgue de “mentalité beauseigne”.
Pourtant, tout avait si bien commencé.
Dans un temps qui nous semble si lointain, Saint-Etienne était pourtant un des trésors de la France. Le monde entier connaissait cette grande ville ouvrière et pas que pour son équipe de Foot. Avec ManuFrance, son plein emploi, son tram, ses inventions etc … Saint-Etienne était une ville moderne et prospère.
La ville aux 7 collines était plus peuplée que des villes comme Montpellier, Lille , Rennes ou encore Reims.
La crise industrielle a emporté avec elle une grosse partie de la population stéphanoise, elle a frappé de plein fouet la ville; récession, chômage, fermetures d’usines.
Une catastrophe qui colle encore durement à l’image de Sainté. Une ville où tout se serait figé dans les années 70 à l’époque où les frères Revelli faisaient rêver toute la France, et détenaient avec eux les derniers germes d’une fierté stéphanoise malmenée par un sentiment d’abandon. Face à la capitale, face aux autres villes qui avançaient là où Saint-Etienne continue à essuyer les stigmates de tant de crises successives. Face à ses habitants eux-mêmes, perdus dans un monde où ils n’avaient plus vraiment leur place, un monde où on ne glorifiait plus la beauté ouvrière.
C’est ici que commence “la mentalité beauseigne” dans la mentalité ouvrière, populaire, prolétaire qui se ressent dans ce complexe face aux autres classes, ici personnalisées par les autres villes.
Beauseigne or not Beauseigne
Michel Durafour (non pas la rue avec les Kebabs) le disait déjà “Malheureusement, et je le constate chaque jour davantage, nous sommes trop modestes. D’autres, moins industrieux que nous, affichent tapageusement leur réussites” .
Saint-Etienne n’a jamais réussi à faire connaître et savoir son excellence, sa plus-value, la faute en partie à la modestie de ses habitants.
Dans un pays qui glorifie le romantisme et le luxe, Saint-Etienne n’est que le parent pauvre ne pouvant exister au concert des grandes villes de ce pays. Trop ci, Trop ça, pas assez ci, pas assez ça. Aucune autre ville en France n’a autant été le fruit de la métaphore négative du paysage médiatique, au point d’habiller de honte ses propres habitants.
Qui croire lorsqu’on dessine cette ville comme étant la “capitale des taudis” ou “majoritairement détruite” ? Lorsque les réseaux sociaux en font leur bouc-émissaire ? Lorsque le responsable politique même de sa région en fait une terre dévastée ?
C’est dans cette capacité à absorber le regard des autres comme réalité que continue de vivre la mentalité beauseigne. Car aucune population d’aucune autre ville n’aurait accepté avec autant de docilité, parfois même de compassion autant de critiques (parfois recevables mais si souvent dommageables).
La mentalité beauseigne à imposé aux stéphanois la croyance générale qu’ils vivent dans un marasme inutile. Pourtant, quand on regarde de plus près, et nous l’avons évoqué ici maintes et maintes fois, la cruauté de la vie stéphanoise n’est pas si vraie. Loin de là.
Je t’aime pas, moi non plus !
Pourtant qu’ont les autres villes que Saint-Etienne ne pourrait avoir ? Côté loisirs, shopping et restauration, l’offre est à peu près similaire à n’importe quelle autre grande ville de France. On peut dire que la vacance commerciale inquiète mais peu de villes passent à travers ce problème-là. Non, il n’y a pas la mer, pas le Mont Blanc, mais côté nature on ne peut pas dire que ce soit dégueu (Ah le Pilat…). La question de la beauté de la ville est subjective, mais difficile de parler pour une ville qui n’a jamais eu de plan d’urbanisme tant elle s’est construite rapidement et dans un terrain peu propice à l’expansion. Plus encore, elle excelle sur le plan culturel et sportif (pas des résultats … petit émoticône triste).
D’où vient ce délit de sale gueule? Il est difficilement explicable AUJOURD’HUI mais il se retrouve souvent dans les anciens bassins ouvriers. Dans ces territoires, l’attache à la ville s’exprime souvent de manière émotionnelle. Parfois de manière ultra positive comme à Naples, Liverpool ou encore plus proche de nous à Marseille. Parfois plus négative, comme chez nous. Il faut prendre en considération que l’art de vivre français ne glorifie que très peu les villes laborieuses ou rurales; la ville, l’urbain se trouvant souvent comme la représentation de la réussite. Qui n’a jamais fait de blague sur la Creuse ou la Corrèze ? Ou encore sur le Nord et ses usines fermées (sans le savoir bien-sûr)? Si économiquement ces villes n’ont pas réussi, elles ne peuvent pas prétendre au respect, c’est une réalité exacerbée et transformée par les réseaux sociaux, où l’ailleurs (souvent glorifié) est visible dans son habit le plus lisse.
En conclusion, la mentalité beauseigne c’est aussi une question d’amour propre. Combien sont capables de faire 10 fois le tour de la place Bellecour, payer 20€ son parking et manger la même glace qu’a Jean Jaurès ? Car Lyon, par sa beauté, son attractivité le mérite! Combien se démotivent après avoir fait 1 tour autour de la place Jean Jaurès , en n’ayant même pas payé son parking car parfois gratuit (le samedi notamment) ? Car Saint-Etienne n’est qu’un bureau des plaintes. Oui, vous l’aurez compris, le “beauseigne”, c’est le vilain petit canard.
Dans ce monde du tout lisse, de l’extrêmement beau et parfait, de l’instagrammable , Saint-Etienne dénote forcément mais ce qui fait particularité fait identité et à ce jeu-là Saint-Etienne est plutôt bien loti…
?
… Et parce que nous on ne se plaindra jamais d’habiter ici, on va plutôt faire l’inverse et on va exalter notre fierté.
On va vous proposer durant tout le mois de décembre plusieurs jeux concours. sur notre page Facebook en partenariat avec plusieurs acteurs économiques, culturels, sportifs, artistiques stéphanois afin de vous démontrer à notre manière l’immense richesse et diversité de notre bonne vieille cité aux 7 collines. On à hâte de vous dévoiler tout ça.
De quoi passer de bonnes fêtes de fin d’année… et pas beauseigne pour le coup !
2 commentaires
Ça fait 10 ans que j’habite ici , et en 10 ans j’ai vu disparaître cette mentalité beauseigne. Les habitant.es sont de plus en plus #stephanoisfiers . Des (r)évolutions culturelles ont eu lieues (nouvelle Comédie, festival positive, pléiades, Comete, etc,..) . Des nouveaux commerces se sont ouverts (on pense aux nouvelles halles), une nouvelle ligne de Tram etc… bref ça bouge à sainté et les stéphanois sont de plus en plus fiers (Bon ne parlons pas de l’Asse cette saison, ça arrive!)